Ce qui s'éléve repose toujours sur un fondement. Lao-tseu (VI-V av JC)
Ce voyage de mille lieues a commencé par un pas. Lao-tseu (VI-V av JC)
La vie humaine est concentration de souffle, lorsque celui-ci se concentre, il y a vie, lorsqu'il se disperse, il y a mort. Tchouang-tseu (IV av. JC)
Qui apprend à céder est maître de la force. Lao-tseu (VI-V av. JC)
Pratique du Qi Gong à Bussurel
Entrainement de Taïchi à la Roseraie d'Héricourt

Dictés par Yang Chengfu, écrits par Chen Wei-Ming, traduits textuellement du chinois en français par Xue Fei MU

1) Eliminer toutes les pensées pour que le corps et l'esprit restent naturels; tenir droit la tête, regarder droit devant, et l'esprit se fixe sur l'extrémité de la tête.

Relaxer le corps afin d'éviter que le cou ne se raidisse, car c'est par le cou que le Chi et le sang circulent. En nég1igeant la position droite de la tête et le vide des pensées, on n’arrivera pas à élever son esprit.

2) Rentrer la poitrine et faire circuler le Chi le long du dos.

Rentrer légèrement la poitrine pour que le Chi puisse descendre sur le point Dan Tian (bas ventre). Car d’une part, le Chi risquerait de se concentrer sur la poitrine bombée, ce qui résultera que la partie supérieure du corps est plus lourde que la partie inférieure, et que les talons manqueront d'instabilité, d'autre part, en rentrant la poitrine, on réussira à faire coller le Chi au dos, d'où sort la force, et ainsi on peut devenir invincible.

3) Relaxer les reins.

Les reins sont le maître du corps. La relaxation des reins est cruciale pour gagner de la force aux pieds, et stabiliser la partie inférieure du corps. Les mouvements entre le vide et le plein sont tous pilotés par les reins. C'est pourquoi on dit dans les théories de Taï Chi que "les sources de la vie et de l'esprit résident entre les reins”. Ceux qui ne se sentent pas en forme chercheront certainement l'énergie dans les reins et les jambes.

4) Distinguer le vide et le plein, ce qui constitue le point fondamental dans l'art du Taï Chi

Quand le centre de gravité se pose complètement sur la jambe droite, celle-ci est nommée la jambe pleine, l'autre jambe vide ; si au contraire, le poids du corps se pose complètement sur la jambe gauche, celle-ci devient à son tour la jambe pleine, l'autre devient vide. Une fois la distinction faite entre le vide et le plein, on peut se déplacer, tourner librement, sans le moindre effort ; au contraire, si la différence est confuse, chaque mouvement deviendra lourd et difficile, le corps manquera de stabilité, et l'adversaire en profitera.

5) Relaxer et laisser tomber naturellement les épaules et les coudes.

Si les coudes sont suspendus, les épaules seront tendues, et le Chi remontera avec elles, ce qui affaiblira certainement le corps.

6) Utiliser les idées au lieu d'utiliser les forces physiques.

La pratique du Taï Chi Chuan demande la relaxation totale du corps, et l'abstention du moindre effort inutile et maladroit. Ceci ayant fait, l'énergie est retenue entre les os et les veines, qui permet le corps de se maîtriser facilement, et les mouvements seront légers et sans contraintes. On pourrait se demander comment faire naître l'énergie sans avoir fait des efforts physiques ?

C'est parce que le corps de l'être humain est constitué d'artères et de veines, comme les fossés et les canaux pour la terre. L’eau coule librement lorsque les fossés et les canaux ne sont pas obstrués, et il en est de même avec le corps humain, le Chi circule sans entrave lorsque les artères et les veines ne sont pas fermées. Si le corps reste raide, et que les artères et les veines sont tendues, le Chi et le sang seront bloqués, et les mouvements du corps ne pourront s'effectuer avec souplesse. L'homme est donc incapable de résister aux attaques venant de son adversaire. Si au contraire, on se sert des idées à la place des forces physiques, là où l'idée arrive, le Chi arrive. C'est ainsi que le Chi et le sang circulent les jours et les nuits sans interruption, atteignant chaque point du corps.

Une longue pratique de cette manière permet d'obtenir la véritable force intérieure, comme on dit dans les théories du Taï Chi, "Etre d'une souplesse extrême, c'est dire être d'une dureté extrême". Ceux qui atteignent la perfection dans cet art ont les bras extrêmement lourds, comme le fer enveloppé dans le coton. Tandis que ceux qui pratiquent d'autres formes d'arts martiaux ont l’air très forts quand ils utilisent leur énergie du corps, mais légers et sans racines quand ils ne font plus d’effort. Leur force est à l'extérieur et peu profonde attirant facilement les attaques de l’adversaire.

7) Se suivre de haut en bas.

Les théories du Taï Chi disent, " Les pieds sont les racines du Chi ; les jambes, son départ ; les reins, son maître ; les doigts, ses figures. Des pieds aux jambes et aux reins, il faut être complet et harmonieux". Quand les mains bougent, les reins, les pieds et même les regards doivent bouger avec elles, le mouvement du corps sera devenu incohérent si un seul de ces éléments reste immobile.

8) L'intérieur et l'extérieur agissent en coordination.

L‘esprit joue un rôle essentiel dans l‘exercice du Taï Chi, ”l'esprit en est le commandant, et le corps en est le missionnaire". Si l'esprit est en pleine forme, les gestes du corps s'effectuent avec facilité, et la posture ne dépasse pas le cadre des vide-plein, ouverture-fermeture. Ceci dit, l'ouverture et la fermeture ne concernent pas uniquement les mains et les pieds, mais aussi et simultanément les idées et l'esprit. Les pratiques du Taï Chi exigent donc que les gestes extérieurs accompagnent à merveille les mouvements intérieurs.

9) Les mouvements se succèdent sans interruption.

Dans les autres formes d‘arts martiaux, la force est maladroite, acquise avec le temps. C'est pourquoi ces formes ont en générai des rythmes bien distincts, marqués par un début et une fin, par des successions et des interruptions. Si la force précédente est épuisée, alors que la nouvelle force n'est pas formée, l’homme risque d'être complétement désarmé devant l'ennemi. Tandis que le Taï Chi, qui utilise l‘idée au lieu de la force extérieure, est un art de continuité, des mouvements sans début, ni fin, un éternel retour, des gestes qui “s'écoulent comme le Yangtzi ”, ou encore comme on dit, "sortir son énergie comme on tire sur un fil de soie".

10) L‘immobilité dans la mobilité.

Les autres formes d'arts martiaux qui apprécient les gestes violents, épuisent et font s'essouffler tous ceux qui les pratiquent. Tandis que le Taï Chi est un art ou l'immobilité règne sur les mouvements, elle existe d'une façon permanente. C'est pourquoi lorsqu‘on s'entraine sur les postures, il faut le faire le plus doucement possible, les respirations seront longues et profondes, ce qui
facilitera le Chi de se déposer sur le point Dan Tian. Ceci évitera les gonflements des artères et des veines.

Pour obtenir cette vérité sensationnelle, il faut observer et réfléchir attentivement.